Témoignage Spiritualité – Soeur Yoanna
Pour dire ce qu’est pour moi, jeune professe depuis 7 mois, le mystère du Cénacle, il me faut partir du début de nos constitutions « Le mystère du Cénacle exprime notre mission dans l’Eglise et ce que la présence de Marie signifie dans notre spiritualité… De ce mystère de prière, de vie fraternelle et d’apostolat, nous apprenons à unir les trois dimensions constitutives de notre mission ». Ce mystère qui englobe l’avant et l’après résurrection du Christ, évoque pour moi un temps, un espace et un commencement.
Que cela soit avant ou après la résurrection du Christ, le Cénacle est un lieu de rencontre, d’échange, de partage, et de communion fraternelle entre le Christ, ses apôtres et les disciples : le livre des actes des apôtres nous dit qu’ils avaient l’habitude de se retrouver dans la chambre haute (Ac1,1-14). Ces moments de rencontre et d’apparitions du Ressuscité dans ce lieu constituent aussi des temps de partage : de la Parole, du repas, des joies et des peines de la mission ; un lieu pour écouter et se faire écouter, un lieu de fraternité et de communion.
Cette vie au Cénacle est pour moi une invitation à créer ce climat fraternel qui favorise l’ouverture et le partage avec mes sœurs et avec autrui. Le Cénacle désigne aussi ces moments de cœur à cœur avec le Christ durant lesquels je lui parle de mes joies, mes peines, mes questionnements et où j’apprends à l’écouter me parler. Un temps de gratuité pour quitter le « faire » et entrer dans « l’être » avec le Christ ; un lieu pour laisser le Christ me refaire, expérience que font les disciples au Cénacle avec Marie entre l’Ascension et la Pentecôte.
Le mystère du Cénacle c’est aussi celui de la révélation du grand amour que le Christ porte à l’humanité (cf Mc13, 12- 25, la Cène), invitant chacun(e) de nous à en vivre avec nos frères et sœurs. Les disciples réunis dans cette chambre haute ont vécu plusieurs passages : celui de la peur à la paix, du doute à la confiance, du repli sur soi à l’ouverture grâce aux apparitions et aux enseignements du Ressuscité (Jn 20,19-29). Le temps du Cénacle c’est aussi le temps nécessaire qui a permis aux disciples de consentir au réel et d’entrer dans une nouvelle étape de leur suite du Christ (Jn 16,7) : après l’Ascension, sur la demande de Jésus ils retournent au Cénacle et, dans un climat de prière, ils se laissent éduquer par le Ressuscité en faisant mémoire de ses Paroles, des moments marquants de leur vie à sa suite ; Ils apprennent l’importance du discernement, de la patience, de la vie fraternelle, ils entrent dans une nouvelle connaissance des Ecritures. (Lc 24,44-49) et se disposent à recevoir l’Esprit-Saint comme don pour la mission et non un dû. Le Cénacle marque le début de l’Eglise : c’est dans ce lieu que le Christ donne naissance à l’Eglise par le don de son Esprit-Saint qui transforme les disciples, d’hier et d’aujourd’hui, en brûlants témoins de son Evangile d’amour dans le monde.
C’est ainsi que, au cœur de crise sanitaire mondiale actuelle, le mystère du Cénacle m’aide à confier, dans la prière par Marie, notre monde au Fils au Père et à l’Esprit-Saint pour qu’il nous délivre de cette pandémie. Je garde confiance que cela adviendra même si j’ignore quand et comment comme ce fut le cas des disciples le jour de la pentecôte.
Ce temps du Cénacle est une invitation pour moi et pour le monde à découvrir toujours plus le lien entre le passé, le présent et à regarder l’avenir avec le Seigneur.